On May 03, 2008
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Tu sais,
J'ai un peu peur. Un peu mal. Un peu froid. Non, j'étouffe. Je pense à toi. Oui, à toi. Toi qui n'a plus froid. Immobile. Bientôt, je déposerais quelques fleurs sur ton toit. Dans chacune d'elle, il y aura un morceau de nos souvenirs et sans doute encore quelques larmes. Celles de ton départ. J'aimerais savoir si tu es bien là-bas. Si l'obscurité ne te fais pas un peu peur. Je ne te vois plus. Il fait si noir en moi. Je ne t'aperçois plus. Je n'y voit plus rien, n'y comprend plus rien. Je ne sais plus. Peut-être que je n'ai jamais su. « 9h02 » Le téléphone sonne. « Je suis désolé, mais votre ami nous a quitté ce matin à 4h06. C'est fini ». Le souvenir de ce jour où je dévalais le couloir de cet hôpital m'a envahit. La dernière fois où je t'ai vu dans cette chambre allongé, le regard vide, l'air pensif. L'hôpital, ses couloirs et ses odeurs. Ce n'est rien par rapport à ta mort...Ce matin. J'avais si peur de te perdre. J'avais tellement peur que tu partes. Et depuis que tu es parti, j'ai encore plus peur. J'ai mal. Je crève de ton abscence. J'avais beau m'y préparer. « C'est fini », ces mots résonnent encore en moi. La souffrance s'éveille. Le vide grandit.
Ton meilleur ami va mourir. Il veut te voir une dernière fois. Ses nuits sont tes jours, et rien ne sera jamais comme avant. Ton meilleur ami t'attend. Il souffre en silence, il t'appelle une dernière fois mais tu ne répond pas. Tu te presses afin de venir le voir ce matin. Ton meilleur ami est mort. Pourquoi n'es-tu pas venu le voir plus tôt ? Rien n'est jamais trop tard mais cette fois-ci, il est trop tard.
Je vois encore ton sourire cherchant à cacher tes larmes. Je comprenais encore tes maux mais ne voyais plus de solutions. Je t'aimais. Plus que tout, je crois. Plus que moi-même, sans doute. J'étais capable du meilleur comme du pire pour te garder auprès de moi. Te couvrir de compliment, céder à tous tes caprices, tu dire combien je tenais à toi mais surtout...T'aimer toujours plus. Fuir ou bien mourir. Tout cela n'a plus aucune importance, puisque tu n'es plus là. Pourtant je souris, je garde goût à la vie. En ton honneur. Je me bats pour toi. Tu vis en moi. Ton amitié repose encore dans mon coeur. On avait tant de rêves et de projets, nos vies bien rangées, notre avenir imaginé. Nos vieux rires amusés. Nos souvenirs passés. Le bon temps. Mais ça va aller. La phrase de circonstance " ça va aller. Tu verras, tout ira bien". Mais vous savez, parfois, il est préférable de ne rien dire. Etre présent suffit. Car pour moi, ça n'ira plus jamais. J'ai perdu un être cher à mes yeux. Un des êtres les plus merveilleux que j'ai pu connaître. Osez me dire encore une fois que tout ira bien. Mais ça n'ira jamais plus dans le bon sens. Si j'avais su, je n'aurais pas décroché, chaque sonnerie ma fait sursauter désormais. De peur. J'ai toujours peur. Peur d'entrendre à nouveau cette voix me dire : "C'est finit". Je sais, c'est finit, il ne reviendra plus, je ne le verrais plus jamais. Je sais tout ça. Mais je souffre à m'en tordre le coeur. Votre soutien m'apaise mais ne me guérit pas. J'ai compris aujourd'hui qu'on peut croire en beaucoup de chose. Au bonheur, à l'amour, à l'amitié aussi. A tous ce qui nous rend plus fort. On peut croire aux plus belles choses, aux plus belles émotions. Mais lorsque les gens sont partis. Vraiment partis. Là-haut, pour de bon. Pour croire à ces belles choses, il faut se battre. Vraiment. Encore et toujours. Se battre. Vraiment. Encore faut-il le vouloir vraiment...
© Evy McWeasley
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